La
session consacrée au mélange a été ouverte par une communication de Mikhail
Gorokhovski sur les « modèles stochastiques de mélanges
sous-maille ». Si les champs de vitesse sont des fonctions continues du
temps et de l’espace, des bifurcations brutales peuvent apparaître dans les
trajectoires de particules fluides ou solides quand on intègre les résultats en
temps. Ainsi si les fluctuations de vitesse ont des distributions
quasi-gaussiennes, il n’en est pas de même de la distance entre deux particules
ni de leurs accélérations ! Ces résultats ont été mis en évidence dans des
expériences à l’ENS de Lyon (Pinton). Actuellement les modèles sous-mailles
utilisés en modélisation des grandes échelles ne permettent pas de reproduire
cette réalité. Il est possible de dériver différentes équations de pdf des
accélérations faciles à mettre en oeuvre dans une simulation LES et qui
permettent de reproduire correctement les problèmes de mélanges aux échelles
n’ont résolues par les équations déterministes.
Olivier
Cadot a présenté un état d’avancement sur une expérience originale de
turbulence produite entre deux disques contrarotatifs (dispositif nommé de
« machines à laver »). L’objectif est d’analyser les temps
caractéristiques de transferts d’énergies entre les grandes échelles modulées
par la rotation des disques et les petites échelles produisant de la chaleur.
Une thermistance rapide a permis de mesurer des pics de productions de chaleur
à la fréquence de modulation et l’analyse des différents temps caractéristiques
(cascade-dissipation-transport) est en cours.
Deux
interventions ont porté sur la dispersion de particules en écoulement
turbulent. Mickaël
Bourgoin a présenté des résultats de mesures lagrangiennes 3D à haute
résolution sur la dispersion de paires de particules dans un écoulement de von
Karman. Le résultat marquant de ce travail est l’évolution suivant une loi de
type Batchelor de la moyenne quadratique de la séparation des paires de particules
et l’absence de régime de type Richardson.
La
présentation de Wouter
Bos concernait l’application à la dispersion de particules individuelles
d’une modélisation EDQNM du mélange d’un scalaire passif. Cette extension est
valide dans la mesure où un traceur passif peut être représenté par un scalaire
passif non-diffusif. La modélisation utilisée est une généralisation récente
d’EDQNM au cas de la turbulence homogène en présence d’un gradient moyen du
scalaire. L’étude de la variance du déplacement d’une particule montre que les
lois classiques de dispersion sont reproduites par la fermeture EDQNM, aussi
bien en turbulence isotrope qu’en turbulence cisaillée homogène.
Puis
deux communications sur le mélange en fluides stratifiés ont été présentées par
Yannis
Cuypers et Pascal Dupont. Le premier a presenté une étude du Lac du Bourget
avec des mesures de profils de température montrant la mise en place d’une
thermocline pendant l’été et le passage d’ondes de gravité pouvant être
responsable de mélanges entre l’eau profonde et l’eau de surface. La dynamique
de ces ondes semblent pouvoir être modélisées par une équation de Korteveg-De
Vries. La seconde présentation a décrit des expériences de laboratoire
permettant l’analyse des transferts de chaleur et de masse dans de telles
interfaces stratifiées en fonction de l’écart de densité, de l’intensité de la
turbulence et du coefficient de diffusion moléculaire. Cette reprise des
expériences historiques de Huppert et Turner permet de comprendre que la
stratification contrôle la taille maximale des structures responsables du
transfert et que la diffusion moléculaire modifie l’influence des plus petites
échelles. La question de cette configuration dans les études de micromélanges a
donc été évoquée puisqu’une étude de micromélange par une turbulence de grille
oscillante similaire est en cours à Nantes.
Deux
communications sur le mélange par chaos lagrangien ont terminé ce thème sur le
mélange. Mllle Emmanuelle
Gouillart a présenté une méthode d’analyse innovante des mélanges
chaotiques en écoulement fermé 2D par la théorie mathématique des tresses.
L’obtention d’une entropie topologique ainsi que le calcul du taux d’étirement
d’une ligne matérielle sont directs mais il n’existe pas de méthode générale
pour associer une tresse à un protocole de mélange. Puis Ahmed Ould el Moctar a
présenté des résultats à la fois éxpérimentaux et numériques sur l’influence de
petites modifications d’un protocole donné : mouvement circulaire d’un
vortex dans une cavité circulaire. Le diagramme des zones chaotiques est
présenté en fonction des vitesses l’intensité du vortex et sa vitesse. Un
protocole mélant périodiquement deux régimes différents permet de faire
disparaître les ilôts non-mélangés est d’obtenir ainsi une remarquable
efficacité de mélange.
Pour
conclure une discussion sur les interactions entre le monde du mélange
turbulent et celui du mélange lagrangien a été lancé par Philippe Petitjeans.
Bien sûr les outils utilisés sont très différents mais les objectifs de
quantification du mélange sont très voisins… Il doit y avoir un essai
d’utiliser la même méthode de mesure de micromélange par réaction chimique dans
ces deux configurations au sein de l’AC-PR2.1 (programme énergie) de Hassan
Peerhossaini et Dominique Della Valle.
Tout
le monde est d’accord sur l’intérêt de dédier officiellement une session sur
les réelles différences de ces deux configurations dans une prochaine réunion
du GdR.